Conformément à son plan d’action 2025, le mouvement « génération engagée » présidé par Moctar Ousmane Sy a organisé le samedi 19 avril 2025 une conférence-débat, à la pyramide des Souvenirs, sur le thème : « vérité et responsabilité : 33 ans de vie politique au Mali ». Les panélistes étaient l’ancien député et ministre Yaya Sangaré, le chercheur Baba Dakano et le Pr Aly Nouhoum Diallo de l’ADEMA PASJ. Au-delà du symbole, c’est tout cadre qui fut inédit et même convivial.

C’est devant un parterre de jeunes politiques, sympathisants et acteurs de l’avènement du mouvement démocratique que la conférence-débat s’est déroulée.

Dans son adresse, le président du mouvement « Génération engagée », Moctar Ousmane Sy, a souligné que la conférence-débat est une invitation au dialogue, à l’écoute et à la responsabilité des jeunes dans ce haut lieu (Pyramide des Souvenirs) qui symbolise la douloureuse marche vers la démocratie et célèbre la victoire du 26 mars 1991.

Depuis cette date, estime-t-il, le Mali a connu des avancées démocratiques majeures, mais aussi des périodes de crises et d’incertitudes :
« Plus de trois décennies se sont écoulées, marquées par des espoirs, des déceptions, des transitions fragiles, un silence lourd, de la peur et de la résilience », a-t-il fait remarquer.

La « Génération engagée » n’a pas la prétention de juger, mais de comprendre et d’interroger les témoins afin de tirer les leçons pour bâtir une nation forte pour l’avenir.
« L’histoire ne se construit pas uniquement dans les livres, elle se construit aussi et surtout dans la vérité partagée, dans le courage de regarder en face en reconnaissant nos réussites, mais aussi en assumant nos erreurs », a-t-il lancé à l’endroit de l’assistance, avant de souhaiter que cet évènement soit le début d’un nouvel élan vers une gouvernance plus transparente, responsable, humaine et adaptée aux besoins des concitoyens.

L’irréversibilité de la démocratie au Mali

Pour le conférencier, l’ancien ministre et acteur du mouvement démocratique Yaya Sangaré, les jeunes doivent s’approprier des discours positifs sur la démocratie pour pouvoir construire un avenir meilleur.
« Qu’on le reconnaisse ou pas, la démocratie est irréversible », a-t-il dit, arguant qu’il est vrai qu’on peut avoir des moments de rupture, dus souvent aux dysfonctionnements mêmes et au positionnement partisan des acteurs politiques. Mais il n’y a pas mieux que « la démocratie dans un pays ».

Il pense qu’à chaque fois que le Mali a voulu avancer, il y a eu des régimes militaires qui confisquent le pouvoir.
« Il y a une volonté aujourd’hui de confisquer le pouvoir sans passer par les élections », a-t-il dit.

Le secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité, et chercheur Baba Dakono, a émis une réserve sur l’irréversibilité de la ‘’démocratie’’, estimant qu’au Mali, personne ne pouvait imaginer qu’après 33 ans de vie politique, il y aurait une remise en cause de certaines valeurs démocratiques. Aux politiques de faire le bilan de ces années et de corriger les insuffisances pour établir la confiance avec la population.

Appel à l’union des partis politiques face à leur dissolution

Le professeur Aliou Nouhoum Diallo de l’ADEMA-PASJ a fait la genèse de la lutte héroïque ayant conduit à la démocratie au Mali.
Il a invité les politiques à s’organiser pour empêcher la « dissolution des partis politiques », avant d’ajouter qu’il les avait invités à l’unisson depuis le début de la transition.

Se prononçant sur la question de l’organisation des élections présidentielles, cet ancien président de l’Assemblée nationale a déclaré que les élections sont faisables, puisque la même transition a pu les organiser sur l’ensemble du pays avec le référendum constitutionnel.
Il a invité les jeunes aux actions concrètes pour préserver l’héritage démocratique.

Oumar BARRY