Prisé depuis deux ans sur le marché de lait en poudre au Mali, le lait de la marque GADANE semble n’avoir pas fait que des heureux consommateurs, réveillant ainsi l’ire de ses distributeurs qui ne comprennent pas le pourquoi de ce qu’ils appellent « une campagne de dénigrement ».
Pour planter le décor, racontons un tout petit peu l’histoire de ce précieux produit importé par un opérateur économique malien. Lequel, avec toute la cupidité qu’on puisse coller à un commerçant, a pris le soin, avant de mettre son produit sur le marché, de se conformer aux lois fiscales, à celles du marché et de la réglementation alimentaire et sanitaire en vigueur. Que voilà, au bout de deux petites années de succès, malgré la résistance à la conservation et la saveur intense de son produit accessible, fait les frais de sa composition en graisses végétales.
Le Soft, qui est saisi par des consommateurs à ses bureaux, a pris le soin d’interroger les textes et les acteurs habilités à apporter des réponses insoupçonnables. Il ressort de nos investigations que le très conditionnel grief d’intoxication imputé au lait GADANE, dû à sa richesse en graisses végétales, ne s’appuie sur aucun élément factuel, constaté ni en amont ni en aval, par un laboratoire malien, encore moins par l’Agence nationale de la sécurité alimentaire pour justifier son bannissement.
Par ailleurs, si toutes les récriminations soulevées n’ont eu de source que la très hypothétique étude théorique du CIRAD qui date de 2018, c’est-à-dire cinq ans avant la commercialisation du lait GADANE au Mali et qui n’a jamais concerné ce pays, des sources proches du fournisseur se posent des questions : « Le lait en poudre réengraissé est-il consommé par les seuls Maliens ? » Le lait GADANE, mis au-devant de la scène, est-il le seul lait réengraissé sur le marché malien où ils sont des dizaines en concurrence ? « Non, le problème se trouve certainement ailleurs », se désole un distributeur de produits laitiers à Bamako.
Certes, l’on ne peut accorder le bon Dieu sans confession aux risques sanitaires liés à la consommation des produits de tous genres en ce mois de ramadan. Mais, en ce qui concerne le lait GADANE, des sources à l’ANSA, contactées par Le Soft, attestent que le produit du même nom, « conditionné et commercialisé en sac papier de 12,5, de 5 kilogrammes, puis en sachet plastique triplex de 25, de 200 et de 400 grammes, a requis l’avis technique favorable de la commission nationale des autorisations de mise sur le marché des denrées alimentaires, des aliments du 1ᵉʳ mars 2023, avant d’être mis sur le marché malien ».
Graisses végétales
Mieux, l’article 2 de chacune des décisions n°2023/000850, 51, 54, 55 et 56, toutes du 11 avril 2023, délivrées par l’ANSA, dispose ce qui suit : « le lait en poudre GADANE réengraissé instantané… répond aux caractéristiques mentionnées dans le dossier technique ». Par dossier technique, il faut entendre les éléments recueillis lors des enquêtes menées par les services spécialisés du ministère de la Santé et dont les conclusions restent un secret pour le demandeur.
Pour ce qui est des risques sanitaires, des sources proches du ministère de la Santé expliquent qu’« après la mise sur le marché du produit, qui a requis des analyses a priori, l’Institut national de la santé, chargé d’ailleurs de l’application desdites décisions d’autorisation, n’a été saisi d’aucune anomalie ».
Mieux, le rapport 2018 du Cirad sur la commercialisation du lait en poudre dit tout le contraire de ce qu’on lui prête. « Il est difficile de prouver un impact négatif sur la santé des mélanges contenant des graisses végétales, car ces graisses végétales sont consommées par ailleurs dans d’autres aliments », note le document [page 28].
Ingrédients
Selon un expert du secteur, « c’est la cherté du lait en poudre entier qui est la raison principale du réengraissement de son substitut, obtenu par séchage et pulvérisation d’ingrédients correctement sélectionnés pour déterminer sa haute qualité et ses propriétés afin de permettre à certaines couches sociales de le consommer ».
Selon un laboratoire malien spécialisé dans l’analyse des produits alimentaires, « le processus de transformation qui n’est qu’une politique du marché n’enlève au lait en poudre ni son goût sucré ni ses propriétés particulières ».
Au contraire, appuie le centre, « il aide le lait à avoir une plus longue durée de conservation, sans trop d’exigences dans des conditions de conservation, comme ceux du climat en Afrique de l’Ouest… ». Ce qui fait la différence en matière de qualité de lait, assure un nutritionniste, « c’est simplement le niveau de protéines ».
I.T.
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