Les « Garanké » de Kéniékéniéba, contraints d’abandonner leurs habitations, ont animé une conférence de presse, le lundi 29 juillet 2024. Objectif : expliquer la discrimination ethnique qu’ils subissent à Kéniékéniéba (Commune rurale de Dialafara), dans le cercle de Kéniéba, Région de Kayes. L’occasion d’inviter les autorités à trouver une solution au problème pour le bonheur de l’ensemble de leur communauté.

«Cela fait cinq mois que ma famille ainsi que mes petits-enfants ont été contraints de quitter Kéniékéniéba sous la menace d’un clan sévissant au village. Je suis sans les nouvelles d’une partie de ma famille », a déclaré Bakary Diaouné, presque en larmes. En expliquant qu’il leur a été interdit d’exercer l’orpaillage traditionnel au même titre que les autres communautés du village. Pour la simple raison, avance-t-il, qu’ils sont des « garanké » ou encore ceux qui font le travail de cordonnerie ou de cordonniers.
Pour Bamba Diaouné, un autre expulsé a expliqué avoir déposé une plainte à la gendarmerie de Kéniékéniéba, après avoir été victime d’agression par un groupe de personnes. « J’ai saisi également le Tribunal où un juge d’instructions a envoyé un mandat d’amener contre les auteurs et jusqu’ici, ils n’ont pas daigné répondre», a-t-il regretté. Et de confier que « les auteurs disent avoir pris toutes les dispositions nécessaires au niveau de la gendarmerie et au Tribunal pour qu’ils ne fassent l’objet d’aucune poursuite ».
Pour le président de l’association des ‘’Garankés’’ du Mali, Barka Diawara, le chef de village de Kéniékéniéba et ses partisans sont à l’origine de ce traitement racial et discriminatoire à l’endroit de leur communauté. Soutenant qu’il a interdit aux garanké de s’adonner à l’orpaillage traditionnel, au même titre que les autres ethnies du village. « Les contrevenants à cette décision sont violentés physiquement, les biens détruits voire expulsés du village », a-t-il informé. En ajoutant que son association a alerté plusieurs autorités de la transition, notamment le ministre chargé de la Justice et celui de la Réconciliation nationale. « Nous avons même été reçus par un conseiller de la présidence à la demande du président Assimi Goïta. Mais aucune décision n’a été prise jusque-là pour ramener la paix à Kéniékéniéba », a-t-il déclaré avant d’alerter : « Les autorités doivent agir avant que la situation ne dégénère ».
Toutefois, il a remercié le ministre Ismaël Wagué chargé de la Réconciliation nationale, grâce auquel les « garanké » des autres localités ont pu commencer à travailler dans les sites d’orpaillage au même titre que les autres communautés.
De son côté, le président de la Coordination des Associations de Développement de la Région de Kayes (CADERKA), Tibou Faïnké, a évoqué la violation de l’article 1er de la nouvelle constitution qui stipule : « Tous les Maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et en devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine sociale, la Région, la couleur, la langue, la race, l’ethnie, le sexe, la Religion ou l’opinion politique est prohibée ».
Toutefois, pour en finir avec cette crise qui n’en valait pas, il a demandé la résolution à l’amiable de la situation qui a contraint plusieurs chefs de familles à s’exiler au Sénégal, notamment dans les localités proches de Kéniékéniéba.
O. BARRY